Propriété privée - Ne se visite pas
- Origine
- Prospérité de la maison
- La chapelle Notre-Dame
- La Maison du Temple
- Le procès des Templiers
- Dignitaires de Notre-Dame du Temple
- Dignitaires de Saint-Samson
- Les commandeurs de Saint-Jean-de-Jérusalem
- Le mot du propriétaire
- Sources de référence
Origine
- L’ordre du Temple a possédé deux établissements à Douai.
— Le plus ancien et le plus important est connu sous le nom de "Maison de Notre-Dame", fondé au court de l’année 1155, grâce à une donation de Thierry d’Alsace, comte de Flandre. C’est son fils et successeur, Philippe, qui à la demande de son neveu Baudouin de Gand, commandeur de la baillie des Maisons du Temple en Flandre, donne à la Maison de Douai tous les fiefs qui relèvent du château, des terres à Dourges sur le Boulenrieu et le dixième de la dime du Forest.
— Le second est l’hôpital Saint-Samson de Constantinople, créé vers la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle par Garin, archevêque de Thessalonique et ancien chanoine de Saint-Amé. Vers 1300, cet établissement souffre des ravages de la guerre et doit s’unir à « la sainte Milice du Temple ». Quelques années plus tard, en 1312, cette maison passe aux mains des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Prospérité de la maison
- A l’époque, la chapelle de Notre-Dame jouissait de grands privilèges et il fallait pour la mettre en interdit un ordre express des hautes autorités ecclésiastiques.
- La commune de Douai ne reçut ses lettres d’établissement qu’à peu près à l’époque où les Templiers d’Arras vinrent occuper la maison de Douai. Là, les Templiers augmentèrent encore leurs revenus de quelques donations ; il ne paraît jamais qu’ils les aient mendiées.
- Le précepteur et les frères du Temple avait droit de haute et basse justice sur leur domaine, et juridiction sur les habitants qui occupaient des fonds de leur censive entre les portes de la ville et la maison du Temple, ainsi que sur les fonds qui leur appartenaient dans la ville de Douai.
- La bulle qui abolit l’ordre des Templiers portait la date du 2 mai 1312. Le pape Clément V attribua tous leurs biens à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
- Quelques écrivains disent que Philippe le Bel se contenta de retenir une partie des biens des Templiers pour payer les frais du procès. Toutefois, il conserva aussi la jouissance de leurs biens-fonds, au moins pour ceux des deux maisons de Douai.
- La bonne intelligence qui s’était maintenue entre les échevins de Douai et les chevaliers, depuis l’arrivée de ces derniers en cette ville, fut plus d’une fois troublée :
— 1424 : Au sujet d’un chemin effondré, conduisant de la porte du Temple à la porte de l’eau.
— 1430 : Au sujet de l’immunité de la chapelle de leur maison, dans laquelle s’étaient réfugiés deux étrangers qui avaient blessé un bourgeois.
— 1432 : Au sujet d’un vol commis au Temple par une jeune fille que les religieux prétendirent avoir le droit de juger, etc.
La chapelle Notre-Dame
- Construite en grès taillés et couverte en pannes plates, la chapelle primitive était voûtée.
- 1843 : Démolition de la chapelle dont il n’existe plus qu’un plafond de planches en très mauvais état, peint en bleu avec des arabesques colorées de très mauvaise composition et d’exécution.
La Maison du Temple
- Le mauvais état dans lequel se trouvait le Temple, quelques années après le départ des chevaliers, détermina sans doute les échevins à mettre à exécution le projet de protections de la ville.
- Une partie des dépendances Nord de cette maison allaient être englobées dans les travaux de fortifications élevées au début du XIVe siècle, et seront diminuées encore un peu plus lors de l’épaississement des remparts, ordonné par Charles Quint, pour mettre à l’abri cette ville des canons.
- Le Temple de Douai paraît avoir été abandonné comme maison d’habitation par les chevaliers de Malte, sous la maîtrise de Jean Ladain, cependant on continua à y dire la messe jusqu’en 1762.
- Tout ce qu’il restait de cette maison, fut vendu pendant la Révolution comme bien national et converti en ferme.
- 1762 : La chapelle sert de grange.
- 1810 : Dans la chapelle de la Maison des Templiers sont découvertes deux pierres tombales qui seront recensées en 1937, au Musée de Douai :
La première, en pierre grise, mesure deux mètres de longueur et un mètre de largeur. Elle représente un religieux, les mains jointes, avec cette épitaphe : Chi gist religieuse personne frère Guillaume Caoursin, en son temps commandeur de Monddidier et de Dourges, gard et gouverneur de la command. de Hautavaines, qui trépassa l’an mil cccc. lv, le xxiv d’aoust.
La seconde est en marbre bleu. Elle représente un religieux vêtu d’un manteau, sous une riche arcature, avec cette épitaphe : Chy gist frère Simon de Thiennes, religieux de lospital Saint Jehan de Jherusalem, en son temps comandeur de Ville Dieu en la Montaigne et recepveur des responssions du prioré de France, qui trespassa l’an mil CCCC et XL le IXe jour du mois d’apvril. Pries pour s’ame.
Le procès des Templiers
- Fragment d’une relation du père Wautier, inquisiteur de l’Ordre de Saint Dominique, l’un des commissaires chargés de juger les Templiers de Douai.
"L’an 1307, le 13 octobre, vers sept heures du matin, nous apprîmes que les frères de l’ordre de la milice du Temple, tant de la maison de Notre-Dame que de celle de Saint Samson, avaient été pris par le bailli de Douai, son lieutenant et ses sergens, et conduits prisonniers à la vieille tour.
Peu de jours après, des bruits extraordinaires se répandirent dans toute la ville et ses environs ; on nous assura que les Templiers avaient été arrêtés le même jour par toute la France.
Le samedi veille de St.-Amé (18 octobre 1309), monseigneur Gérard, évêque d’Arras, arriva à Douai pour officier le même jour et le lendemain, afin de jouir des trois marcs d’argent de Flandre qui lui sont dus en cette occasion, et il alla loger dans le cloître, chez maître Jean de Marigny, prévot de St.-Amé, chanoine et chantre de l’église de Paris. (Jean de Marigny sera nommé plus tard évêque de Beauvais et ensuite archevêque de Rouen ; il était frère du fameux Enguerran de Marigny, comte de Longeville, et de Philippe, évêque de Cambrai).
Le même jour après souper, monseigneur l’évêque m’appela avec défunt le frère Robert, recteur en théologie. Nous trouvâmes avec lui maître Jean Mulet, chanoine de St.-Pierre et de St.-Amé, prévôt de Béthune, frère venant de Dichy, gardien des frères mineurs, et Henri Lanoris, clerc du diocèse d’Arras, notaire impérial. Monseigneur l’évêque d’Arras nous annonça qu’il s’était rendu à Douai pour informer contre les frères de la milice du Temple, et que, d’après les pouvoirs à lui donnés, il nous déléguait pour ses assistants et pour le suppléer au besoin ; il fixa l’instruction de cette affaire au vingt du même mois, à une heure, dans la basse cour du château.
Auxquels jour, heure et lieu, le révérend évêque d’Arras produisit les lettres de très-saint père et seigneur Clément, pape Ve du nom, qui lui ordonnaient de tenir information avec les hommes pieux qu’il aurait choisis, sur les dérèglements des Templiers dans toute l’étendue de son diocèse ; furent pareillement exhibés beaucoup d’articles sur lesquels nous devions interroger lesdits Templiers.
Peu après les sergens du bailli de Douai amenèrent par devant le tribunal les frères de la milice du Temple, savoir : Pierre de Montigny, du pays d’Artois ; Jean de Waskehal, du pays de Pevèle ; Simon Godin, du Cambrésis ; Jean du Pont, du pays d’Ostrevent ; Melin Delpire, du Tournaisis ; tous de la maison de Notre-Dame ; et Henri Van Meerstrait, de la maison de Bruges, faisant route vers la mer. De la maison de St.-Samson : Hugues de Coligny, du comté de Bourgogne ; Jean Piau, du pays d’Artois ; Jean Potin, du même pays, et Jacques le Félon, de la banlieue de Douai.
Après la lecture des lettres apostoliques et des articles ci-dessus, monseigneur l’évêque fit un discours sur les obligations que chacun d’eux avait à remplir, surtout de dire la vérité, et les renvoya en prison. Le 21 octobre, le tribunal assemblé fit venir frère Hugues de Coligny, maître de la maison du Temple de St.-Samson, lequel, après avoir serment prêté, interrogé sur les quatre premiers articles du reniements du Christ, nia tout leur contenu..."
- Pour compléter ce fragment historique, ajoutons que Jean de Marigny fit tous ses efforts pour perdre les frères du Temple, mais que ses manœuvres furent déjouées par la probité du père Wautier, secondé par Gérard évêque d’Arras. Monsieur Plouvain dans ses " Souvenirs à l’usage des habitants de Douai " affirme que les Templiers de Douai sortirent de prison en 1309 et furent ainsi mis à l’abri des tortures réservées à leurs confrères.
- Ceci paraît plausible car ni les registres de l’hôtel de ville, ni le livre d’argent du chapitre de Saint-Amé où l’on consignait tous les faits intéressants la ville de Douai (hérésies, sortilèges, etc.), ne disent mot de leur supplice.
Dignitaires de Notre-Dame du Temple
- 1210 : Frère Robert, magister Templi de Duaco
- 1222 : frère Gautier, templier de Douai
- 1286 : Michel de Villers, chapelain du Temple de Douai
- 1296 : Frère Jean de Honnechies
- 1307 : Frère Denis de le Gorghe
- 1307 : Frère Guillaume
Dignitaires de Saint-Samson
- 1272-1285 : Frère Ansiel (ou Anseau) de Cambray
- 1272-1285 : Frère Huon (ou Huet) de Cambray
- 1285 : Frère Huon de Brabant
- 1285 : Frère Jean Candron
- 1285 : Frère Brinack, commandeur
Les commandeurs de Saint-Jean-de-Jérusalem
- 1317 : Frère Rogers
- 1323 : Messire Michius, chapelain du Temple de Douai
- 1325 : Frère Matrius de Viviers, commandeur de Douai et de Cobrieux
- 1335 : Frère Laurent de Zelande (ou Yelande), commandeur du Temple de Douai
- 1344 : Frère Roger
- 1345 : Frère Nicole de Buymont, commandeur du Temple de Douai
- 1357 : Frère Lancelot du Poule, commandeur des maisons de Saint-Samson de Douay et de Fresnoy en Brie, et de Compiègne
- 1374 : Frère Jehan Doignis
- 1434 : Pierre de Bauffremont
- 1440 : Simon de Thiennes
- 1452 : Guillaume Caoursin
Le mot du propriétaire
Cette rubrique est ouverte au propriétaire du lieu qui peut ainsi s’exprimer librement. Nous lui demandons de nous contacter : contact@passion-patrimoine.fr.
Sources de référence
- Avec l’aimable collaboration de Michel Dhénin pour son éclairage sur les cartes postales anciennes relatives à cette maison des Templiers.
- DUBOIS-DRUELLE : Douai pittoresque, ou description des monuments et objets d’antiquité que renferment cette ville et son arrondissement (1845).
- DUTHILLOEUL (G.-R.) : Des établissements de l’ordre du Temple à Douai. Revue du Nord de la France, tome II (1854).
- L’INSOLITE N°21 : Croisés, Templiers et Hospitaliers (Archives de l’Empire) par Les Amis de l’Insolite. 100 pages (2000).
- LEONARD (E.-G.) : Introduction au cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le marquis d’Albon. Champion (1930).
- MANNIER Eugène : Les Commanderies du Grand-Prieuré de France. Editions Gérard Montfort (1987).
- WAGON Maurice : Catalogue du Musée de Douai (section d’Archéologie). (1937).