Montbellet (Saône-et-Loire)

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Les murs intérieurs de la chapelle sont tapissés d’une étonnante série de peintures murales du XIIIe siècle...

Propriété privée - Ne se visite pas

Temple Sainte-Catherine de Montbellet

Montbellet : hameau de Mercey extrait du plan napoléonien (1808)

Origine et situation

  • La commanderie du Temple Sainte-Catherine de Montbellet est située sur la commune du même nom, près du hameau de Mercey. Elle est avec celle de Bellecroix (ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem), l’une des mieux conservées de Saône-et-Loire.
  • Cette préceptorie du Temple paraît remonter à la fin du XIIIe siècle. Elle possédait un assez vaste territoire sur lequel elle exerçait le droit de justice et percevait en même temps un cens en argent ou en nature (froment, avoine, cire, etc.).

Montbellet : fenêtres du bâtiment d'habitation

  • Au XVIIIe siècle, il existait encore dans les archives du Temple de Chalon, "un gros sac dans lequel étoient, tant les titres de la fondation de la chapelle de Montbellet, qu’autres concernant ladite chapelle". Malheureusement ces documents ont disparu et il est vraisemblable que nous ne connaîtrons jamais les origines et le nom du fondateur du Temple Sainte-Catherine.

Temple Sainte-Catherine de Montbellet - Croquis de Raymond Oursel

Description de la préceptorie

  • Terrier de 1709 : Les bâtiments de la commanderie sont situés au sud-est de la chapelle. Ils se composent d’un grand enclos entouré de murailles.

La commanderie de Montbellet

  • Visite de 1662 : Cet enclos s’ouvre sur le dehors par une porte cochère en pierre de taille et par une autre plus petite qui lui est accolée, toutes deux garnies de leurs "ventillons" et "verrouillets". On entre alors dans une basse cour de cent dix-sept pieds de long sur cent six pieds de large. Puis, par une grande porte de pierre de taille, sur laquelle sont figurées les armes de la "Religion de Saint-Jean-de-Jérusalem", on accède à une autre cour où se trouvent le donjon, un four, une petite grange, une étable à vaches, une bergerie et une écurie de chevaux. Une porte secrète permet de sortir de cette cour et de gagner la rue tandis qu’un couloir conduit aux prisons et aux chambres.

Armoiries du commandeur César Lemaire de la Bondue Armoiries du commandeur Jean de Pradines

  • Des panonceaux, fixés sur le corps du logis, reproduisent les armes peintes de l’Ordre de Saint-Jean et du commandeur en exercice.
  • Cette commanderie fut fort bien administrée par les Hospitaliers. D’ailleurs elle avait le privilège d’abriter quelquefois pendant l’été le Commandeur de la baillie de Chalon. C’est ainsi que René de Cherisey, au milieu du XVIIIe siècle, habitait Chalon l’hiver et Montbellet l’été.
  • Vendu comme bien national, l’enclos du Temple fut l’objet de démolitions et de modifications qui lui ont enlevé tout cachet ancien. Seule la chapelle est restée intacte.

Plan de la chapelle de Montbellet

La chapelle du Temple

  • Dédiée à Sainte-Catherine, la chapelle reste inchangée, comme elle était au Moyen Age. C’est un beau spécimen de l’architecture religieuse gothique du XIIIe siècle, le seul existant en Mâconnais avec Notre-Dame de Cluny.

Description architecturale et sculpturale

  • Cette église du Temple n’est pas correctement orientée car son chevet est au nord-est.
  • Elle est construite sur un plan rectangulaire soutenu par douze contreforts extérieurs : quatre de chaque côté et deux à chaque pignons.
    Portail de la chapelle de Montbellet
  • La nef unique est divisée en trois compartiments voûtés sur croisées d’ogives, séparés les uns des autres par un doubleau en forme de boudin un peu allongé orné d’un méplat au centre. Le profil et la dimension de ce doubleau correspondent aux autres nervures des croisées d’ogives.
  • Les clefs de voûtes de ces dernières sont très plates. Celle du chœur est décorée d’un Agnus Dei.

Détail intérieur de la chapelle de Montbellet

  • Les retombées des nervures reposent chacune sur une amorce de colonnette, terminée par un chapiteau orné d’une rangée de feuillages. Ces amorces de colonnettes reposent, elles-mêmes, sur des consoles ou culs-de-lampe représentant chacune une tête d’homme ou d’ange.
  • Une charmante piscine, aux amples dimensions, était placée dans le mur oriental de la travée du chœur. Aujourd’hui, elle est exposée au Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection, Gift of Ernest and Beata M. Brummer, 1948, in memory of Joseph Brummer. New York.

Piscine de la chepelle de Montbellet

Fenêtre de la chapelle de Montbellet

  • L’éclairage de la chapelle se fait par trois grands fenestrages placés dans le chœur, par un autre semblable situé dans le pignon méridional au-dessus de la porte d’entrée et par deux baies allongées, amorties par un arc brisé, percées dans les murs latéraux des compartiments de la nef.
  • Extérieurement, la porte d’entrée présente une triple archivolte moulurée de forme dite en tiers point, vulgairement dite « ogivale ». De ces trois archivoltes, la première et la seconde, en partant de l’intérieur de l’arc, retombent sur de fines colonnettes ornées de chapiteaux décorés de feuilles dites à crochets.

Montbellet : vue latérale de la chapelle

  • La troisième repose à chaque extrémité sur de jolis culs-de-lampe représentant l’un une tête d’ange, l’autre des feuillages. Une frise également de feuillages à crochets couronne les deux piliers de la porte, sous le tympan, et sur le même plan que les chapiteaux des quatre colonnettes qui les encadrent.

Portail de la chapelle de Montbellet

  • Au milieu du tympan plein, inscrit dans une élégante arcade trilobée, est sculptée en bosse une croix fleuronnée, de forme dite processionnelle, tenue par deux mains sortant des manches d’un vêtement.
  • Devant l’entrée sud de la chapelle était jadis un porche couvert. On voit encore aujourd’hui sur la façade les corbeaux qui soutenaient la toiture. Du côté droit de l’autel, à l’extérieur était située la chapelle de "Tous les saints". Toutes deux étaient réunies et communiquaient intérieurement. Cet oratoire n’existe plus mais son vocable n’est pas sans rappeler la décoration picturale de l’église, détaillée dans le chapitre suivant.

Montbellet : intérieur de la chapelle

Description picturale

Peinture murale de la chapelle de Montbellet

  • La chapelle possède une série de fresques uniques qui à l’origine, couvraient tous les murs intérieurs, ainsi que les voussures des ogives de la nef.
  • Malgré les dégradations du temps, un examen minutieux laisse apparaître qu’au-dessus d’une plinthe de couleur brune se développaient des scènes religieuse en haut desquelles se trouvaient peints seize saints auréolés, placés sous des arcades trilobées.
  • Les couleurs employées sont le rouge, l’ocre et le bleu pour ces fresques qui paraissent à peu près contemporaines de la construction de la chapelle.

Détail d'une peinture de la chapelle de Montbellet

Les précepteurs du Temple

A ce jour, ils sont inconnus.

Montbellet : bâtiment d'habitation

Les commandeurs de Saint-Jean-de-Jérusalem

  • 1325 : Jean de Troyes (Johannes de Trecis) est commandeur (praeceptor) du Temple de Chalon-sur-Saône et aussi de celui de Rougepont, ancien membre du Temple de Montbellet.
  • 1356 : Laurent de Bretenay est commandeur du Temple de Chalon sur Saône et de ses membres. Pierre et Simon de Bretenay, chevaliers du Temple, avaient figuré au procès des Templiers en 1313-1314.
  • Jean Garnier d’Angeux, commandeur de Chalon, prieur de Champagne, ne paraît avoir possédé que peu de temps la baillie de Chalon sur Saône.
  • 1373 : Girard de Fouchereulles est commandeur de Chalon.
  • 1373 : Girard de Bretenière (de Bretenaria) est commandeur de Chalon sur Saône. A cette date, il a été délégué dans ces fonctions par Jean Garnier d’Angeux.

Montbellet : chapelle du Temple Sainte-Catherine

  • 1421 : Hugues d’Arcy (de Arceyo), prieur de Champagne , est commandeur des baillies de Chalon-sur-Saône, de Pont-Aubert, d’Avalleure, de Bellecroix, ainsi que des Temples de Lorraine, de Bure-les-Templiers, d’Espailly et de Beaune.
  • 1430 : Jean de Vienne est commandeur du Temple de Chalon. Cette famille porte : "de gueules à l’aigle d’or, armé d’azur".
  • 1458-1491 : René, alias Régnier, Pot est commandeur du Temple de Chalon. Il appartenait à une famille de Bourgogne qui a fourni des dignitaires et tant de chevaliers à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem qu’elle reçut le surnom de « Pot de Rhodes ». Cette famille porte : "d’or à la face d’azur, au lambel de gueules de trois pièces".
  • 1500 : Jean du Chatelet est commandeur de Chalon-sur-Saône. Ses armoiries sont : "d’or à la bande de gueules, chargée de trois fleurs de lys d’argent".
  • 1505 : Elie du Bois, Grand Prieur de Champagne, est commandeur de Chalon et de ses membres. Elie du Bois délégue, comme commandeur de Montbellet, noble Frère Philibert du Perroit.

Montbellet : chapelle du Temple Sainte-Catherine

  • 1505 : Philibert du Perroit est commandeur par délégation.
  • 1515 : Jean de l’Estouf-Pradines est commandeur du Temple de Chalon, de la Romagne où il réside et également de Ruetz. Les Estouf-Pradines portent : "écartelé aux 1 et 4 d’or, à deux chevrons de sable, au lambel de gueules", qui est l’Estouf et "aux 2 et 3 écartelé d’argent et de sable, à la bordure engrelée de gueules", qui est Pradines. Armoiries du commandeur Jean de Pradines
  • 1530 : Jean de Pradines, parent du précédant, est commandeur de Montbellet.
  • 1534 : Calais de la Barre paraît comme commandeur de Chalon, Metz, Nancy et Normiers. Les armes de Calais de la Barre sont : "d’argent à trois lions de sable, armés et lampassés d’or".
  • 1567 : André de Saucières-Tenance est commandeur du Temple de Chalon. Cette famille porte : "de gueules à un lion d’or, couronné de même". Armoiries du commandeur César Lemaire de la Bondue
  • 1586 : César Lemaire de la Bondue est commandeur du Temple de Chalon. Il passe à juste titre pour le restaurateur du Temple de Chalon, qui dû souffrir des luttes entre catholiques et protestants. Ses armoiries, "d’or à deux fouets, mis en pal et adossés d’azur, au chef de même chargé de deux étoiles à six pointes d’or", sont gravées sur un écusson placé sur un bâtiment de la commanderie de Montbellet, avec la date 1614.
    Montbellet : détail du portail
  • 1615-1626 : Michel de Pontailler-Talmay est commandeur du Temple de Chalon. Ses armoiries sont : "de gueules au lion d’or couronné, armé et lampassé d’azur".
  • 1632 : Scipion d’Anglure de Bourlemont est commandeur du Temple de Chalon-sur-Saône. Cette famille porte : "d’or, semé de grillets ou sonnettes d’argent supportées de pièces lavées de gueules en forme de chevrons renversés".
  • 1636 : Henri de Fussey-Menessaire aurait été commandeur du Temple de Chalon-sur-Saône ; il n’a laissé aucune trace de son passage.
  • 1640 : René de Chérisey est commandeur du Temple de Chalon et de Montbellet. Il habite alternativement, Chalon en hiver et Montbellet en été. Ses armoiries sont : "coupé or et azur, le premier chargé d’un lion naissant de gueules", (armoiries peintes dans la salle des Croisades à Versailles).
  • 1673 : Pierre de Miremont-Berrieux est commandeur de Chalon. Cette famille porte : "d’azur au pal d’argent, fretté de sable, et accosté de deux fers de lance d’argent, la pointe en haut et la bouterole d’or".

Montbellet : la chapelle

  • 1686 : Pierre de Sainte-Belin-Vaudremont est commandeur de Chalon et de Montbellet. Ses armoiries sont :"d’azur à trois rencontres de béliers d’argent, accornés d’or et mises en profil".
  • 1713 : Antoine-Théodoric Godet de Soudé est commandeur du Temple de Chalon et de la commanderie du Petit-Saint-Jean à Metz. Ses armes sont : "d’azur au chevron d’argent, accompagné de trois pommes de pin renversées d’or".
  • 1716 : Mathieu de Berbisey est commandeur de Chalon et de Montbellet. Ses armes sont : "d’azur à la brebis paissante d’argent sur une terrasse de sinople".
  • 1757 : Pierre-François de Dyo-Montperroux est commandeur du Temple de Chalon et de Montbellet. Cette famille porte : "fascé d’or et d’azur de six pièces à la bordure de gueules".
  • 1788 : Charles Picot de Dampierre est le dernier commandeur du Temple de Chalon et de Montbellet. Ses armoiries sont : "d’or au chevron d’azur, accompagné de trois falots du même allumés de gueules ; au chef du même".

Temple Sainte-Catherine de Montbellet

Le mot du propriétaire

Cette rubrique est ouverte au propriétaire du lieu qui peut ainsi s’exprimer librement. Nous lui demandons de nous contacter : contact@passion-patrimoine.fr.

Sources de référence

  • JEANTON (Gabriel) : Les commanderies du Temple Sainte-Catherine de Montbellet et de Rougepont. Ed. Protat, Mâcon (1918).
  • OURSEL (Raymond) : Les Templiers en Saône-et-Loire. "Saône-et-Loire Magazine" n° 8.

Notice mise à jour le 23 mars 2014

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